Ce grand nom du Service de Santé des Armées a vécu de 1879 à 1937. Spécialiste de la trypanosomiase africaine. Il développe la lutte contre la maladie du sommeil par une médecine mobile et de terrain.
Débuts
Après avoir exercé dans un premier temps en tant que médecin de campagne, il sort diplômé en 1911 en médecine tropicale de l’Ecole d’application du service de santé des Troupes coloniales à Marseille (Ecole du Pharo).
C’est à l’occasion de son affectation au Cameroun où il est nommé médecin-chef de la colonne franco-belge, qu’il s’intéresse à la trypanosomiase, communément nommée « maladie du sommeil », cette maladie parasitaire mortelle transmise de l’animal à l’homme par la piqûre d’une mouche, dite tsé-tsé.
En 1920, il installe son poste de commandement dans les environs de Yaoundé et met en place sa doctrine d’intervention et de dépistage précoce. Il crée également ses premiers secteurs de prophylaxie (ensemble des mesures à prendre pour prévenir les maladies). Celui-ci consiste à contrôler l’ensemble de la population avec des équipes mobiles qui examinent et effectuent des prélèvements et auscultent sur place.
Le succès est immédiat
Il est consacré « vainqueur de la Maladie du Sommeil » par la presse. Il obtient de la France l’autorisation d’étendre cette expérience à tout le Cameroun et une mission permanente de lutte contre la maladie du sommeil est créée.
Malheureusement, une erreur médicale commise trois ans plus tôt par un de ses collaborateurs va avoir des conséquences fâcheuses pour Jamot alors qu’il vient de repartir au Cameroun renforcer sa mission permanente. A Bafia au Cameroun, en 1928, l’administration par un jeune médecin d’un traitement à des doses trop élevées, avait conduit à la cécité de 700 sommeilleux. En apprenant la chose mais mal informé, le sous-secrétaire d’Etat aux Territoires d’Outre-Mer rend Jamot responsable de cette erreur médicale et annule sa nomination pour le Cameroun. Débarqué à Dakar le 22 novembre 1931, blâmé, Jamot est mis aux arrêts de rigueur.
Découragé et probablement meurtri par les suites de l’affaire de Bafia, Jamot fait valoir ses droits à la retraite et reprend son activité de médecin de campagne dans la Creuse.
Postérité
Aujourd’hui encore, la méthode d’Eugène Jamot est la technique la plus efficace pour le contrôle de la trypanosomiase africaine.
Le lycée-collège d’Aubusson, dans la Creuse, porte son nom, ainsi que l’hôpital de La Souterraine dans le même département. Un monument à sa gloire a été édifié à Yaoundé au Cameroun.
Cet article est issu de la revue Le Donneur de Sang Bénévole N°102 : découvrez nos formules d’abonnement.