Le sang est un liquide biologique dont la composition cellulaire est identique d’un individu à l’autre : globules rouges, plaquettes, facteurs de coagulation, albumine… Mais à l’échelle du globule rouge, il existe une variabilité appelée polymorphisme. Cette variabilité est à l’origine de l’impossibilité de transfusion entre certains groupes de personnes.
La découverte des groupes sanguins
En 1900, le biologiste autrichien et chercheur Karl Landsteiner découvrit les groupes A, B et O puis l’année suivante le groupe AB et mit en évidence la notion de compatibilité entre eux. Le système Rhésus a été découvert en 1940 toujours par Karl Landsteiner et un américain Alexander Wienner. La raison de la non compatibilité de certains sangs entre eux est due à la présence d’anticorps dans le sang dirigés contre les antigènes que le sang ne possède pas.
La diversité des groupes sanguins
Il existe en 2020 41 systèmes de groupes sanguins regroupant plus de 367 antigènes érythrocytaires parmi lesquels les systèmes ABO, Rhésus, Kell, Kidd, Duffy, MNS. Compte tenu des spécificités géographiques, des mouvements migratoires de l’homme au fil des millénaires, des interactions avec l’environnement naturel (nourriture, climat etc…) la répartition des groupes sanguins n’est pas uniforme de par le monde .
Parmi les groupes sanguins, un groupe sanguin est dit rare s’il remplit deux conditions :
- Moins d’un sujet sur 250 lui est compatible dans la population générale
- Il occasionne des difficultés d’approvisionnement.
On estime que plus de 800 000 Français présentent un groupe rare, malgré un recensement de seulement 14 500 personnes concernées.
A titre d’exemple, il existe de très rares personnes qui ne sont ni A, ni B, ni AB et ni O.
« Bombay »
Ce groupe sanguin est présent à une fréquence de un sur un million dans la population européenne. En France, ce groupe est prédominant sur l’Ile de la Réunion. Il a été identifié pour la première fois en 1952 en Inde dans la ville de Bombay.
Une transfusion ne peut avoir lieu qu’avec du sang présentant le même groupe rare que le leur. Dans ces conditions, le groupe O négatif n’est pas donneur universel !
Le Rhésus négatif
Pratiquement inexistant en Chine, la fréquence du Rhésus négatif est de 3 sur 1 000 personnes. Soit 50 fois moins qu’en Europe sans que l’on sache bien pourquoi. Sinon par les mutations génétiques de par le monde à travers les millénaires.
« Vel »
Seule une personne sur 2 500 ne possède pas le marqueur Vel, par exemple, ce qui fait du groupe sanguin Vel négatif un groupe extrêmement rare. On en retrouve en Finlande ou au nord de l’Italie, ou dans la région de Grenoble du fait de mouvements de populations en provenance d’Italie au cours des deux derniers siècles.
Si une personne Vel négatif se fait transfuser avec du sang Vel positif, elle peut développer des anticorps qui vont s’attaquer au marqueur Vel et provoquer la destruction du sang transfusé.
« Diego »
Il ne se trouve que dans certaines civilisations humaines. Il est inexistant ou très rare en Europe. 54,5 % des indiens d’Amérique du Sud le possèdent. On le trouve aussi chez les chinois et les japonais. On pourrait en conclure que les indiens d‘Amérique du Sud sont originaires de migrations de civilisations asiatiques.
Le groupe Duffy
C’est à partir du sérum d’un malade polytransfusé, Mickael Duffy, que fut identifié en 1950 à Londres un nouveau groupe sanguin dénommé « groupe Duffy » ou « FY ».
La plupart des européens sont du groupe Duffy positif. En revanche, la majorité des populations d’origine afro-antillaise sont Duffy négatif. Elles représentent 83 % de la communauté noire de New-York, 90 % en Afrique de l’ouest et seulement 3 % en Europe. En France métropolitaine, le groupe Duffy est un groupe rare.
Que faire pour transfuser les groupes sanguins rares ?
Ces sujets ne pourront recevoir une transfusion que d’eux-mêmes ou de leurs semblables. Il existe des « receveurs dangereux » dans tous les systèmes. Il est toutefois possible d’anticiper, d’organiser et d’effectuer leur transfusion avec des culots de globules rouges conservés à une température de -80°C à la Banque nationale de sang rare qui se situe à l’EFS de Créteil. Celle-ci assure leur conservation quasi-illimitée dans le temps. L’EFS se mobilise également pour sensibiliser les donneurs de sang rare et ainsi transfuser ces patients avec du sang frais qui transite d’une région à l’autre pour être mis à disposition du patient au bon moment.