Je suis bénévole pour le don de sang depuis 2009, année de la création de l’association des donneurs de sang de Baie-Mahault, ville où je réside. Membre fondateur de cette association, j’en suis également la présidente depuis 2009, et j’ai pris la présidence de l’Union Départementale de la Guadeloupe l’année dernière.
La Guadeloupe en quelques mots
La Guadeloupe est un archipel des Caraïbes constitué de sept îles, formant une région et un département d’outre-mer français. La partie principale en forme de papillon est composée de deux îles : la Grande-Terre à l’est et la Basse-Terre à l’ouest, séparées par un bras de mer, appelé « la Rivière Salée ». Le chef-lieu est Basse-Terre et la capitale économique est Pointe-à-Pitre. La plus grande ville est Les Abymes.
Administrativement, la Guadeloupe est un département français.
La Guadeloupe bénéficie d’un climat tropical, tempéré par les influences maritimes. On y distingue deux saisons : une saison sèche qui va de janvier à juin et une saison humide qui s’étale de juillet à décembre.
En 2019, le département comptait 384 239 habitants, en diminution de 4,45 % par rapport à 2013.
Le don de sang en Guadeloupe
La pénurie de sang est malheureusement chronique, en Guadeloupe. Pour atteindre l’autosuffisance, il faudrait 12 000 dons par an, soit 40 par jour.
Or, en 2020, l’EFS Guadeloupe/Guyane a collecté 7 981 dons, pour les besoins de plus de 4 000 patients soignés dans les deux territoires qui dépendent de cette infrastructure.
La Guadeloupe compte pourtant 254 000 personnes en âge de donner.
C’est dans ce contexte que l’EFS a été organisé, en Guadeloupe, une semaine de sensibilisation aux sangs rares. Les donneurs d’origines africaine et antillaise, plus susceptibles d’avoir un sang rare dans le territoire, sont particulièrement concernés.
Associations pour le don de sang bénévole en Guadeloupe
- Baie-Mahault
- Capesterre-Belle-Eau
- Lamentin
- Les Abymes
- Morne-à-l’Eau
- Pointe-à-Pitre
- Saint-François
- Sainte-Anne
- Trois-Rivières
- Vieux-Fort
Questions à Nicole PLANTIER
Pourriez-vous nous parler de votre équipe ?
Au niveau de l’association, notre équipe commence à se renforcer. Nous avons pu recruter des jeunes, dont 4 tout récemment. Mais il nous faut également recruter des jeunes au niveau de l’Union départementale. La moyenne d’âge des bénévoles étant élevée, il nous faut absolument préparer l’avenir.
Quel est le nombre de collectes organisées en Guadeloupe ?
Il y a au moins 250 à 290 collectes par an sur tout le territoire, soit presque une collecte chaque jour en dépit des problèmes techniques ou administratifs qui peuvent survenir. La maison du don, située à Pointe à Pitre, assure quant à elle des collectes deux à trois jours par semaine.
Comment fonctionne votre association ?
Afin d’optimiser la visibilité de l’association, nous avons décidé de créer un site Internet et allons bientôt créer une page Facebook. Nous attachons également beaucoup d’importance à la communication interne. En effet, nous nous sommes rendu compte que, souvent, les bénévoles n’avaient pas ou ne prenaient pas le temps d’aller chercher l’information. Nous avons donc créé un groupe WhatsApp, qui nous permet de rester en contact et de ne pas être isolé, ce qui s’est avéré fort utile durant la pandémie. C’est ainsi que, dès que nous avons été « libérés », nous avons pu reprendre nos activités sans problème, comme la tenue de permanences, l’accueil des donneurs, et bien d’autres encore.
Quelles actions effectuez-vous pour la promotion du don de sang ?
Nous faisons de petites actions de promotion, mais nous sommes conscients qu’il nous faut absolument les développer. Il est vrai que cela a été compliqué au cours des deux dernières années, mais les activités reprennent petit à petit. Nous avons été invités à promouvoir le don de sang dans un centre commercial et à l’occasion d’un événement sportif. Les jeunes quant à eux ont assuré une permanence dans le « village de la prévention routière » installé dans la ville de Pointe-à-Pitre, qui est notre chef-lieu.
Quelle a été l’influence de la pandémie sur le fonctionnement de l’association ?
Nous n’avons pas tenu de réunions en présentiel afin de ne pas mettre les bénévoles en danger, d’autant que, sur notre île, les gens étaient vraiment réfractaires au vaccin. De plus, du fait de la non-présentation d’un pass sanitaire, les responsables de salles et les mairies n’étaient pas autorisés à mettre des locaux à notre disposition. Par contre, dès que nous avons pu de nouveau tenir une réunion dans une salle, comme nous avions tout organisé à distance, tout était déjà prêt le jour J ! Grâce à tous les bénévoles qui ont joué le jeu, nous avons ainsi pu organiser une belle cérémonie de remise de récompenses, sous la présidence du directeur de l’EFS et avec la présence de la chargée de communication.
Les donneurs que nous avons remerciés étaient satisfaits et ont passé un agréable après-midi. Depuis, certains ont rejoint l’association, dont quelques jeunes qui participent régulièrement à nos activités.
Que pensez-vous de la création prochaine d’un Comité régional ultra-marin ?
Je suis tout à fait favorable à cette idée. En effet, rencontrant parfois des difficultés, ou ayant des idées à proposer et à développer, nous serions heureux d’avoir un comité pouvant représenter les UD d’outre-mer et faire part de leur desiderata au niveau national. Le comité pourrait également nous apporter une aide afin que nous soyons encore plus dynamiques dans notre action de sensibilisation. Celle-ci est d’autant plus importante que notre population semble avoir de plus en plus de craintes vis-à-vis du don. Si nous arrivons à les faire venir sur les collectes et que nous les accueillons comme il se doit, ils reviennent ! Il y a donc une véritable campagne de recrutement à mener sans plus attendre.
Notre priorité est bien sûr de recruter encore plus de jeunes, notamment pour nous aider au niveau des réseaux sociaux. Nous devons également solliciter les autorités (ARS, dirigeants de l’hôpital, etc.).
Pourquoi avez-vous décidé de sensibiliser prioritairement les jeunes ?
Chaque fois que nous effectuons une action de sensibilisation envers les jeunes, que ce soit dans les écoles primaires, les collèges, ou encore les lycées, cela se révèle toujours très positif et il s’avère que les jeunes s’impliquent vraiment en retour. Nous avons même organisé un concours du meilleur recruteur, que nous avons appelé « défi challenge don du sang ». Ce concours, qui a réuni de nombreux participants, a été très positif. Récemment encore, dans le sud de la Guadeloupe, l’association de Trois-Rivières a organisé, en amont d’une collecte, une sensibilisation de toutes les classes d’une école primaire. Les élèves ont fait des dessins, des affiches, et ont posé plein de questions. La collecte qui a suivi a eu un franc succès. La promotion du don en milieu scolaire est donc un biais très intéressant pour le recrutement des futurs donneurs.
Quel matériel de promotion souhaiteriez-vous ?
Nous avons besoin de matériel qui apporte des informations utiles aux personnes que nous contactons. L’an dernier nous avons animé une journée de promotion alors que notre UD n’avait pas vraiment le matériel nécessaire. Il nous faut désormais investir dans du matériel de promotion pour ne plus être dépendants de l’EFS, qui est notre principal fournisseur pour l’instant. Lors d’une journée d’information spécifique, l’UD ne nous avait donné que des marque-pages et les personnes présentes n’en ont pas voulu. C’est peut-être en raison de la pandémie mais c’est peut-être aussi parce que les gens ne lisent plus ou que les marque-pages sont tombés en désuétude. Il en résulte que le matériel doit être à la fois pratique et utile et un peu plus innovant. Mais il est tout aussi important de parler aux personnes qui viennent sur nos stands et de répondre à leurs questions. On pourrait aussi faire appel à la presse locale. Une réflexion doit être menée à ce sujet.
Qu’avez-vous pensé du congrès national d’Albi ?
En venant à ce congrès, j’ai pris conscience que nous devions avoir notre propre local, car nous sommes restés dans la dépendance de l’EFS. Ce n’est pas une mauvaise chose, puisque les relations sont cordiales, mais le fait d’avoir un local qui nous appartient permettrait que nous devenions de véritables partenaires. Je profite de l’occasion pour saluer le nouveau directeur, qui effectue un travail extraordinaire et a le souci d’améliorer et de développer les relations avec nous.
Cela ne fait qu’une année que je suis présidente de l’UD de la Guadeloupe et le congrès m’a fait prendre conscience de tout ce qui nous reste à faire. Je remercie vraiment tous ceux qui m’ont accompagnée, tout ceux qui ont répondu à mes questions – parce que j’en avais beaucoup ! – au gré de mes rencontres. Grâce à leurs réponses, j’ai été confortée dans mon engagement et dans l’obligation qu’il y a à développer nos activités pour arriver à l’autosuffisance dans notre département. C’est la chose la plus importante et pour cela, nous devons sensibiliser davantage de donneurs, et surtout nous assurer de leur fidélité.