Le 1er avril 1998, la déleucocytation des produits sanguins lors de leur préparation est devenue obligatoire.
Cette mesure complète celles déjà prises depuis 1992 pour diminuer le risque éventuel de transmission par les produits sanguins de l’agent de la nouvelle variante de la maladie de Creutzfeldt-Jakob (vMCJ) identifiée 2 ans plus tôt . Cette technique était déjà utilisée antérieurement lors des transfusions pour des malades qui présentaient des réactions importantes d’intolérance lors de transfusions antérieures.
Technique de la déleucocytation
La déleucocytation consiste à préparer des produits sanguins dépourvus de la quasi-totalité de leurs globules blancs, également appelés leucocytes. Il s’agit d’une technique de filtration à travers un tamis constitué par des couches successives de fibres très serrées et comprimés dans un boîtier plastique.
La rétention des leucocytes se fait selon deux mécanismes :
- par la taille
- par adhésion sur le matériau filtrant.
En France, les filtres sont directement intégrés dans le dispositif de prélèvement.
Cette filtration requiert la maîtrise d’une procédure standardisée. Elle est réalisée dans les heures qui suivent le prélèvement au niveau des plateaux techniques de préparation de l’EFS.
La déleucocytation permet de soustraire 99,9 % des globules blancs présents dans le produit prélevé.
Pourquoi déleucocyter les produits sanguins ?
La généralisation de la déleucocytation contribue à améliorer la qualité et la sécurité des produits sanguins. Elle permet de réduire notablement la charge infectieuse de la maladie dans un produit sanguin, tel qu’il a pu être démontré dans des expérimentations chez l’animal. Les quatre cas britanniques de vMCJ post-transfusionnelle avaient tous reçu des produits sanguins non déleucocytés.
Avantages de la déleucocytation des produits sanguins
1- Réduction des lésions de stockage des autres cellules sanguines
Durant le stockage des produits sanguins, les leucocytes libèrent leurs constituants, en particulier des enzymes et des substances chimiques, qui peuvent provoquer des lésions de membrane des globules rouges et diminuer leur durée de conservation.
2 – Réduction des réactions fébriles au cours d’une transfusion
La destruction des globules blancs dans le produit sanguin, liée à leur faible durée de conservation, libère des substances protéiques (appelées cytokines) à l’origine de la fièvre.
3 – Réduction du risque d’une immunisation anti HLA chez le receveur
Les leucocytes portent à leur surface des antigènes HLA. Leur transfusion peut entrainer la formation d’anticorps contre ces antigènes, surtout chez des patients polytransfusés. Ultérieurement, ces derniers sont susceptibles de détruire les plaquettes transfusées ou de favoriser un rejet d’une greffe.
4 – Réduction du risque d’infection par certains virus
Certains virus peuvent être présents durant de nombreuses années à l’intérieur de lymphocytes sans être détruits, par exemple le cytomégalovirus ou CMV à l’origine d’une infection bénigne, pseudo-grippale ou inapparente chez les sujets immuno-compétents, mais grave chez les nouveau-nés ou les malades immuno-déprimés. C’est aussi le cas des virus HTLV.
5 – Réduction du risque bactérien
La déleucocytation permet de capter les globules blancs ayant digéré certaines bactéries, qui sont donc extraites du produit sanguin et ne peuvent s’y multiplier. C’est notamment le cas du Yersinia enterocolitica, bactérie qui résiste au froid et se nourrit du fer des globules rouges.6 – Réduction du risque de transmission du prion
Il s’agit de l’agent infectieux transmissible non conventionnel responsable de la variante de la maladie de Creutzfeldt-Jakob transmise à l’homme par l’ingestion d’abats ou de viandes provenant de bovins atteints de l’encéphalopathie spongiforme (ESB) ou maladie de la vache folle. Au Royaume-Uni, 4 patients ont été contaminés par la transfusion de produits sanguins prélevés chez des donneurs qui ont déclaré ultérieurement cette maladie. Ces produits n’étaient pas déleucocytés. On sait depuis que cette mesure ne suffit pas à elle seule à réduire le risque de transmission, mais qu’elle peut y contribuer.